En somme, le mois d’octobre est devenu l’Octobre Rose en rappel au ruban rose pour l’allégorie du combat contre le sein. L’objectif est de sensibiliser l’importance du dépistage précoce du cancer du sein, de soutenir la recherche et l’amélioration de la prise en charge des patientes et d’encourager la solidarité avec les femmes touchées par cette maladie.
Sensibilisation et mobilisation
Les campagnes de sensibilisation, en particulier pendant Octobre Rose génèrent une forte mobilisation du public en France. Cette objectif principal est d’encourager le dépistage précoce et de recueillir des fonds pour la recherche et l’accompagnement des malades. Octobre Rose s’accompagne chaque année d’une intense campagne d’information par l’Institut National du Cancer, Santé Publique France, etc… I l est estimé qu’elles contribuent à mieux faire connaître le programme de dépistage et à réduire certaines appréhensions. Néanmoins, le dépistage organisé reste autour de 46-48% ces dernières années. Les acteurs de santé publique redoublent d’efforts en adaptant les campagnes comme des messages ciblés vers les publics éloignés du système de soins, implication des médecins traitants pour élargir l’audience d’Octobre Rose. Si l’impact direct sur le dépistage est difficile à quantifier, puisqu’on note tout de même le nombre de cancers détectés précocement augmente d’année en année, qui est le signe que le message atteint sa cible.
Octobre Rose a un impact sur les mentalités. Grâce à la répétition annuelle de ces campagnes depuis plus de 25 ans, le cancer est devenu un sujet moins tabou. De plus en plus de femmes connaissent l’auto-palpation de surveillance tout en pouvant identifier les signes d’alerte et de comprendre l’intérêt d’une mammographie de contrôle régulière après 50 ans. La journée mondiale contre le cancer du sein et les campagnes d’Octobre Rose ont un impact indéniable en France. Des dizaines de millions d’euros sont récoltés chaque année par l’ensemble des initiatives combinées. La dynamique d’Octobre Rose s’amplifie d’année en année, grâce à la synergie entre associations, institutions, entreprises et citoyens. Le défi sera de transformer cet élan ponctuel d’octobre en actions soutenues tout au long de l’année, afin de continuer à faire reculer le cancer du sein sur tous les fronts.
Incidence en hausse et mortalité en baisse
Les tendances de ces dernières décennies montrent un paradoxe en apparence. Le nombre de cancers du sein diagnostiqués est en augmentation continue. Depuis 1990, l’incidence augmente en moyenne de +0,9% par an. Entre 2004 et 2017, il y a une hausse de +41% des nouveaux cas annuels. Cette hausse s’explique par le vieillissement de la population, l’extension du dépistage et par certains facteurs de risque en augmentation. La France est passée en tête en 2022, alors qu’en 2020, elle était classé quatrième en incidence mondiale.
D’un autre côté, la mortalité par cancer du sein diminue progressivement grâce aux diagnostiques plus précoces et aux traitements plus efficaces. Le taux de mortalité standardisé est passé d’environ 20 décès pour 100 000 femmes en 1990 à 14 pour 100 000 en 2018. En nombre absolu, on est passé d’environ 11 170 décès annuels en 2004 à 11 880 en 2017 (+6%), une hausse modérée alors que les nouveaux cas augmentaient de +41% sur la même période. Cette dissociation signifie que le pronostic s’améliore. Le cancer du sein est de moins en moins létal. De nos jours, une femme diagnostiquée a plus de chances de survie qu’il y a 30 ans, ce qui permet d’avoir 90% des patientes peuvent guérir si le cancer est détecté à un stade initial. On parvient à sauver plus de vies si les dépistages se font les plus tôt possibles.
Impact économique du cancer du sein
Le cancer du sein engendre un coût économique autant pour le système de santé que pour la santé et les entreprises. Le coût de prise en charge médicale du cancer est appréciable. Toutes les dépenses de soins liées aux cancers sont estimées à 16,5 milliards d’euros en 2017 en France. Le cancer du sein représente près de 12% de ce total. Ces coûts sont en forte hausse soit +50% entre 2004 et 2017 pour l’ensemble des cancers, sous l’effet de l’augmentation du nombre de cas et de l’arrivée de thérapies innovantes onéreuses.
Au-delà du système de soins, le cancer du sein a des répercussions sur l’économie et les entreprises puisque l’absentéisme est une perte de productivité pour les employeurs. Une étude économique estime à 771 millions d’euros par an pour cette perte de production due aux arrêts maladie liés au cancer. Des enquêtes démontrent qu’après un cancer, environ 20% des femmes rencontrent des difficultés à réintégrer pleinement la vie professionnelle, ce qui peut creuser des inégalités et nécessite des politiques RH adaptées.
Il faut ajouter le coût humain et social qui sont difficilement chiffrable sur la qualité de vie des patientes et de leurs proches. Ces éléments justifient l’investissement dans la prévention et le dépistage. Selon l’Institut national du cancer environ 20 000 cancers du sein par an pourraient être évités par une meilleure prévention. Cela permet de réaliser des économies substantielles pour la collectivités et les employeurs.